Candy Hoover sait garder un cap. Pour preuve, face à la crise économique, le groupe italien qui a fêté ses 70 ans ne plie pas et continue à innover intelligemment. Entretien avec Gilles Bonnin, PDG de Candy Hoover France.
Univers Habitat : Pouvez-vous nous présenter votre Groupe ?
Gilles Bonnin : Candy Hoover fait un chiffre d’affaires global de 950 millions, avec une présence historique en Europe, mais depuis maintenant une dizaine d’années en Asie, et depuis plus longtemps, en Amérique du sud.
U.H. : Quel est votre bilan de 2014 ?
G.B. : Nous avons fait une bonne année, avec une progression sensible sur l’ensemble des secteurs, que ce soit en pose libre, en encastrable, qu’en petit électroménager. Nous en sommes satisfaits. L’année dernière nous avons gagné des parts de marché sur l’ensemble des familles de produits, nous l’avons fait de façon pérenne, pas trop promotionnelle. C’est du business « construit », qui nous laisse présager une bonne année 2015.
U.H. : Parlez-nous de vos nouveautés.
G.B. : La gamme connectée Simply-Fi chez Candy a été très remarquée sur l’ensemble du marché. Nous présentons également une machine à laver Hoover 13 kg, et une machine à laver séchante 13+8kg, qui permettent de mieux laver, puisque nous allons nettoyer la même quantité de linge dans un espace plus grand, cela préserve le linge et permet de faire des économies d’eau. 13kg de linge, dans un tambour de 80 litres et dans 60cm, c’est un record. De la même façon on a lancé un lave-vaisselle Hoover de 16 couverts. Nous avons beaucoup d’innovations en dehors du connecté. Ce qui a surpris l’ensemble de la profession, c’est la gamme complète connectée car ce n’est pas là où on nous attend. Candy n’a rien dit, mais l’a fait et a présenté de façon concrète, en début d’année, une gamme complète d’objets connectés à prix accessibles, d’ores et déjà disponibles dans les magasins. L’avenir de l’électroménager passe par les produits connectés. Jusqu’à il y a peu, il n’existait pas de produits connectés en électroménager, ça commence, mais on peut imaginer que dans les cinq à dix ans, l’ensemble des produits électroménagers seront connectés, de la même façon que les voitures sont toutes équipées de la fermeture centralisée. Chez Candy, nous ne sommes pas dans le gadget, mais dans des produits qui ont de la valeur ajoutée pour le consommateur.
U.H. : Comment gérez-vous votre portefeuille de marques ?
G.B. : J’ai du plaisir à parler de nos marques, parce qu’elles ont un positionnement cohérent dans notre portefeuille de marques. Nous avons la marque originelle Candy, la marque Hoover depuis 1955 – un peu pour le petit électroménager, surtout pour conforter notre position en gros électroménager. Hoover est importante car c’est la marque qui peut aller là ou Candy ne peut plus aller. Nous couvrons l’ensemble des segments avec ces deux marques. En France nous avons cette marque magnifique, Rosières, sur laquelle nous travaillons actuellement. Depuis que Beppe Fumigalli a pris la présidence du groupe, il nous a attribué les moyens marketings et comme priorité l’innovation. L’un de ses premiers chantiers est la redynamisation de la marque Rosières, une très belle marque, mais quelque peu ancienne. Elle détient une image décalée par rapport à ses pro- duits, qui sont modernes. Il s’agit aujourd’hui de la rajeunir. Nous gardons le socle de la marque, nous avons conservé le logo mais nous l’avons moder- nisé, c’est très subtil. Pour ce qui est de la signature, nous sommes passés d’« Instrument de talent » à « Prenez goût à l’innovation ». Les trois marques sont complémentaires. En encastrable nous avons Candy dans le 2e quartile, Hoover sur le 3e et 4e quartile. Il n’y a pas de superposition des marques. En pose libre Rosières n’est que sur la cuisson, Hoover n’est pas présent. Sur le lavage nous avons Candy dans le 2e quartile et Hoover dans le 3e.
U.H. : Quels sont vos ambitions pour 2015-2016 ?
G. B. : Nous sommes relativement ambitieux. Pour la première fois nous avons annoncé que nous souhaitions prendre 1% de parts de marché. Il y a de réelles opportunités, d’abord nous avons les produits : en Rosières avec la redynamisation, Hoover avec des produits exceptionnels. Et puis il y a aussi des mouvements sur le marché qui doivent nous donner des opportunités. Depuis trois ans, si nos PDM ont augmenté, c’est en partie grâce à nos innovations, mais aussi du fait de notre politique commerciale inscrite dans la durée et nos partenariats avec les distributeurs. Nous donnons de la visibilité aux distributeurs. Au moment des choix de gammes, lorsqu’ils sélec- tionnent des produits Candy, ils optent pour une assurance tous risques. Il n’y a pas de changement de caps réguliers chez nous, nous sommes stables.
U.H. : Peut-on encore faire du profit avec l’électroménager ?
G. B. : Le marché est bagarré. Les prix ont beaucoup baissés malgré des innovations. Il faut créer de la valeur au travers de réseaux. Nous avons les prix de vente les moins chers en France après le Portugal. Créer de la valeur est une vraie préoccupation à travers l’innovation et la promotion. Il faut avoir des partenaires distributeurs qui vont parler des bénéfices que peuvent tirer les particuliers de l’acquisition de nos produits. Le consommateur en a toujours plus pour des prix toujours plus bas. C’est très profitable pour le consommateur, pour peu qu’on lui propose de l’innovation. Pour pro- poser de l’innovation il faut que les industriels continuent à dégager des profits et les distributeurs aussi pour promouvoir nos produits. Les gens qui ne font pas le métier correctement ont des difficultés économiques. Il y a des défaillances d’entreprises ; elles ont la nécessité, pour assurer la pérennité de leurs entreprises, que le distributeur fasse son métier en tant que professionnel. Ce sont des moments difficiles que l’on doit traverser ensemble.
U.H. : Nous entendons parler de reprise, est-elle ressentie et vécue par les professionnels de l’électroménager ?
G. B. : On ne le sent pas véritablement. Notre marché est un marché mature, avec des taux de renouvellement important. Nous ne sommes pas liés à la conjoncture. Même en temps de conjoncture difficile, le marché ne fait ni moins dix, ni plus dix. Les variations sont faibles. Elles proviennent un de l’environnement économique tant que des propositions faites aux consommateurs. Nous ne sentons pas de reprise. Nous ne sommes pas pessimiste car nous avons une société structurée. Lorsqu’il y a une crise économique, nous ne vivons pas d’effondrement. La plupart des Français continuent à avoir des ressources qui leur permettent de changer leur lave-linges ou leur réfrigérateurs. Nous avons une société adulte organisée, nous n’avons pas connu d’effondrement comme il y a pu en avoir en Espagne ou en Angleterre à certaines périodes.