Banque solidaire de l’équipement : Habiter un logement sans équipement : une réalité que le confinement exacerbe.
Les équipes des antennes de la Banque Solidaire de l’Equipement (BSE) à Paris, Lyon et Aubervilliers suivent, à distance depuis le 16 mars, les familles en situation de précarité, locataires d’un logement qu’elles n’ont pas les moyens d’aménager.
Après avoir organisé en urgence la mise à disposition de biens d’équipements commandés par ces dernières à l’orée du confinement, elles ont rédigé un article collectif (ici), pour donner un visage à cette précarité matérielle, réalité » invisible «, méconnue du grand public… et témoigner du vécu des femmes et des hommes confrontés quotidiennement au manque d’équipement de première nécessité.
La crise sanitaire que nous traversons, et les mesures de confinement associées, rappellent à chacun l’importance de se sentir bien chez soi pour tenir durant cette longue assignation à résidence. Etre équipé » du minimum indispensable « s’impose comme une évidence. Alors à quatre dans un appartement avec » une seule petite table, un micro-onde sur une chaise avec cafetière par-dessus « on comprend bien que » c’est très dur à gérer «.
Cette évidence est en effet loin d’être une réalité partagée. Dans son récent rapport sur le mal logement, la Fondation Abbé Pierre comptait plus de 2 millions de personnes privées de tout confort. Le dénuement matériel extrême dans lequel vit une partie de la population devient d’autant plus violent que les personnes et les familles concernées sont » enfermées chez elles «. Sans lit, sans table ni chaises, sans espaces de rangement, sans jouets, sans aucun équipement : comment vit-on dans ces conditions, seul ou avec des enfants ?
Témoignages :
» La maison est vide, tout est vide. Je suis fortement impactée et psychologiquement démolie «. Le cas de Farah, mère isolée, fait écho à de nombreuses situations analogues.
» Là on dort toute la famille sur le canapé, c’est pas facile « reconnait Sophie, en couple avec deux enfants. A cette précarité matérielle, à la promiscuité, il faut aussi ajouter la précarité alimentaire qu’engendre l’absence de tout ustensile de cuisine » J’aimerais juste, au moins, des casseroles ou de quoi me faire à manger, je n’ai pas d’assiette « déplore Hacène.
Evidemment, les impacts sont multiples, et ne préservent personne. Les enfants sont particulièrement exposés. Leurs loisirs et leurs études en ptissent. » C’est difficile pour le suivi de la scolarité, il y a des profs très mobilisés qui appellent parce qu’ils savent que
les familles n’ont pas d’accès à internet « association France Horizon, Gagny (93).
Des solutions partenariales à développer sur le territoire
Ces précarités quotidiennes, intimes, insupportables sont exacerbées par la période de confinement. Mais elles sévissaient avant et perdureront bien au-delà. Certes, des aides légales existent pour meubler le logement des personnes en situation de précarité (FSL, prêt CAF…), mais elles sont hétérogènes selon les territoires et difficiles à mobiliser (conditions variables, durées d’instruction et de versement parfois très longues), générant du non-recours. Des réponses collectives et complémentaires doivent être apportées pour mieux répondre à ces besoins. C’est ce à quoi s’emploie la Banque Solidaire de l’Equipement depuis 2012, portée par Emmaüs Défi. Fruit d’une alliance partenariale inédite entre entreprises (distributeurs, fabricants – de mobilier, literie, décoration, électroménager,
arts de la table – et acteurs de la supply chain), structures sociales et collectivités,
ce programme unique en France valorise les invendus et les stocks morts pour équiper
en biens de la maison de 1ère nécessité les personnes qui accèdent à un logement pérenne après des années d’hébergement précaire (centre d’hébergement, hôtel social, squat, vie à la rue…).
Une vingtaine d’enseignes sont engagées aujourd’hui dans cette action qui entend se développer au coeur des principales métropoles françaises après Paris, Lyon et la Seine Saint Denis. Les équipes sont par ailleurs à l’oeuvre pour organiser au mieux la reprise d’activité.
Contact :
Marianne YVON, responsable de la BSE, myvon@emmaus-defi.org, 06 74 59 86 25