Bonial et OpinionWay ont présenté le 8 avril les résultats de leur nouvelle vague du baromètre du pouvoir d’achat. Les résultats ne sont pas très bons : là où l’inflation a baissé drastiquement, les Français ne l’ont pas ressenti, et même pire : ils perdent en pouvoir d’achat.
La 13ème vague du baromètre « Du pouvoir d’achat au vouloir d’achat » par OpinionWay pour Bonial révèle une certaine inégalité. D’abord, dans le moral des Français : si 33% déclarent avoir un état d’esprit positif, les hommes sont plus sereins que les femmes : ils emploient davantage de mots positifs (39% vs 26%) et sont moins pessimistes (67% vs 79%).
Mais l’inégalité principale, c’est le rapport des Français avec l’inflation. Elle avait atteint un pic début 2023 à 6%, elle est redescendue en mars aux alentours de 0,8%, soit un niveau aussi bas que début 2021. Pour autant, la population française ne le ressent pas : l’inflation perçue reste très haute, en moyenne à 14%, à 13% pour les produits non-alimentaires. « Cet écart s’explique surtout de manière psychologique. Pour une partie des Français, la crise inflationniste a eu des conséquences graves. Ce traumatisme qui a mis du temps à s’installer dans l’esprit des Français mettra du temps à en sortir. Cela n’aide pas que les prix sont montés très vite et très fort, et baissent doucement et légèrement », explique Laurent Landel, PDG de Bonial.
Une augmentation ressentie dans toute la France
Cette perception de l’inflation peut aussi s’expliquer par la baisse des marges de manœuvre. 76% des Français ne peuvent pas investir, 54% ne peuvent pas épargner, et 49% ne peuvent pas partir en vacances. 35% déclarent ne pas réussir à vivre décemment, et 32% n’arrivent pas à financer leurs dépenses jusqu’à la fin du mois. Ces deux derniers chiffres sont en augmentation, respectivement +4 et +3%. Avec 500€ supplémentaires dans leur compte en banque, la population placerait en moyenne 195€ dans l’épargne, 194€ dans les dépenses contraintes et 111€ dans les achats plaisir. C’est la première fois que l’épargne est première. « Il y a des variations selon les catégories de population. Les plus jeunes et les plus diplômés s’orientent davantage vers l’épargne, les achats de nécessité sont plus plébiscités par les faibles revenus tandis que les achats plaisir seraient plutôt effectués par les personnes de plus de 65 ans », détaille Frédéric Micheau, directeur général adjoint d’OpinionWay.
La majeure partie de la population, en ville comme en zone rurale, pense que tous les types d’achats augmentent. Ils sont 77% à dire que les achats contraints (logement, charges, emprunt, transport) sont en hausse. C’est 75% pour les achats alimentaires, 69% pour les non-alimentaires et 68% pour les achats plaisir. Deux tiers des Français comptent faire évoluer leurs comportements d’achat. 36% disent vouloir être plus attentif aux prix, 48% des répondants indiquent vouloir s’auto-imposer une forme de restriction. « Quand les Français doivent se priver, cela montre une certaine responsabilité des distributeurs », ajoute Laurent Landel.
Les MDD, un levier de croissance
Le lieu d’achat évolue : les Français veulent privilégier les enseignes discount et les grandes surfaces, tout en multipliant le nombre de magasins fréquentés pour acheter au meilleur prix. Parmi les enseignes qui aident à améliorer le pouvoir d’achat plébiscitées par les français, celles ayant attrait à l’habitat sont Action, Amazon et Électro Dépôt. Au-delà du discount, la promotion a le vent en poupe. 31% veulent en rechercher davantage. Elles permettent à 70% de la population de réaliser des achats plaisir, et 75% ont le sentiment de faire des bonnes affaires en achetant des produits en réduction.
Les MDD ont également une place considérable dans le gain de pouvoir d’achat. Elles sont juste derrière les promotions dans l’évolution des comportements d’achat. « Ces marques ont marqué énormément de points durant la séquence inflationniste. J’y vois une vraie tendance de fond, et un levier de croissance pour les distributeurs », analyse Laurent Landel.
–