Selon les données du panel distributeurs de Promojardin-Promanimal dévoilées ce jeudi 11 décembre, le marché du jardin devrait accuser une baisse de 2 % en 2025, marquant ainsi sa 4e année de repli d’affilée. Un chiffre qui, au-delà de sa dimension conjoncturelle, révèle une transformation profonde et durable des comportements d’achat des Français.
Le printemps avait pourtant semé l’espoir d’un retournement de situation. Portés par des conditions météorologiques favorables et le retour des clients en magasin, avril et mai avaient donné un coup de fouet aux ventes, permettant au secteur d’afficher une progression de 3 % à fin mai. Mais cet élan s’est rapidement essoufflé dès juin, victime d’une météo capricieuse et d’une prudence généralisée des ménages dans leurs dépenses. Un rebond tardif en octobre n’aura pas suffi à redresser la barre. Ainsi, Promojardin-Promanimal anticipe un recul de 2 % du marché du jardin pour 2025.
Des résultats inégaux selon les catégories et typologies de magasins
Les équipements lourds – outils motorisés, aménagement extérieur, outillage – connaissent la baisse la plus importante, en valeur comme en volume. Ces achats d’investissement pâtissent d’un climat économique peu favorable aux engagements financiers importants. À l’inverse, le végétal limite les dégâts et confirme sa place centrale dans la pratique du jardinage, entraînant dans son sillage les terreaux, les traitements et les contenants. Les univers du loisir – mobilier, barbecues, piscines – amorcent quant à eux un rebond après une année 2024 plus compliquée.
Du côté des circuits de distribution, les trajectoires divergent. La grande surface alimentaire (GSA) s’en sort mieux grâce aux produits d’extérieur et de loisirs. La grande surface de bricolage (GSB) accuse un recul marqué, pénalisée par sa forte dépendance aux produits d’équipement. Quant à elles, les jardineries et magasins spécialisés enregistrent un repli plus contenu d’environ 2 %, préservant leur rôle structurant grâce à leur expertise et leur ancrage territorial.
Ce recul s’explique de différentes manières. La consommation des ménages reste frileuse malgré le ralentissement de l’inflation, tandis que la chute du marché de l’immobilier, particulièrement dans le neuf, freine les projets d’aménagement extérieur. À cela s’ajoute une météo de plus en plus erratique qui brouille les repères saisonniers traditionnels du secteur.
Un jardin qui vit mais qui n’achète plus
En 2025, 85 % des Français disposant d’un extérieur ont jardiné, un taux quasi identique à l’année précédente. Mais ils ne sont plus que 68 % à avoir acheté au moins un produit de jardinage, contre 76 % en 2024. Cette rupture entre pratique et consommation illustre un basculement : le jardin demeure un lieu de détente et de plaisir, mais l’acte d’achat devient plus rare, plus réfléchi et davantage soumis aux contraintes budgétaires et climatiques.
« Grâce à notre panel distributeurs, nous avons une lecture très précise et très réactive du marché. Cette quatrième année de baisse ne s’explique plus seulement par la conjoncture. C’est un vrai changement de comportement. La consommation se fragmente, s’arbitre, se réoriente. Pour repartir, le marché devra miser sur des solutions utiles, sur l’innovation… et surtout sur la capacité à redonner envie. Une envie qui doit se sentir partout, dans les produits, dans les mises en scène, et dans les équipes qui accueillent les clients », conclut Roland Motte, président de Promojardin-Promanimal.
