En conflit ouvert, le fournisseur et le client ont trouvé un accord. A la clé ? Un dépôt de bilan évité pour le leader français du meuble.
« Nous allons pouvoir verser les salaires ». Par ces quelques mots, Gilles Silberman a bien résumé la situation précaire dans laquelle se trouvait le groupe Cauval. La semaine dernière, la direction avait même informé les élus du personnel qu’elle risquait de déclarer le groupe en cessation de paiements, et que seule la moitié des salaires de février allait être payée dans l’immédiat. Près de 3 000 emplois directs, dont 1 800 en France, étaient en jeu. L’accord intègre un volet commercial détaillé, avec des engagements reciproques, en particulier sur les volumes achetés. Il prévoit aussi le retrait de l’action en référé intentée par Cauval contre But devant le tribunal de Meaux. « Cet accord met fin à l’ensemble de nos différends », indique M. Silberman. L’accord a été conclu à l’issue de deux jours et demi de négociations non-stop, sous l’égide des pouvoirs publics. « C’est un grand succès de la médiation interentreprises, se félicite Pierre Pelouzet, médiateur national. Cela prouve que les méthodes douces de ce type peuvent marcher même dans des situations très tendues ».Rappel des faits
Depuis quelques mois, Cauval et But entretenait des relations conflictuelles. Le numéro 3 du marché de la distribution représente environ 25 % du chiffre d’affaires de Cauval. « Depuis des années, Cauval manque de trésorerie et n’arrive pas à produire ce qu’il doit nous livrer, se plaignait, il y a quelques jours, Frank Maassen, le patron de But. Cela se traduit par des retards de livraison, et nous cause de gros soucis ». Au second semestre 2014, seul un matelas Cauval sur deux aurait été livré dans les délais, selon But. C’est la raison officielle pour laquelle le distributeur a réduit sensiblement ses commandes à partir de novembre. Les responsables de Cauval avancent une autre version. Selon eux, But n’est pas la victime, mais le coupable. L’enseigne aurait volontairement préparé le déréférencement de Cauval et répandu des rumeurs de faillite, afin de mettre son fournisseur à terre. Peut-être pour le racheter ou le faire racheter par d’autres. Des manoeuvres évidemment démenties par But avec fermeté. L’intervention des pouvoirs publics a permis d’éviter que cette crise de confiance n’aboutisse à un redressement judiciaire.