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Bilan 2024 : la filière meuble fait preuve d’une résistance encourageante [IPEA – Institut de la Maison]

En décembre dernier, l’IPEA – Institut de la Maison, avec le soutien du CODIFAB, a confirmé que le secteur de l’ameublement traversait une période complexe. Révélé en février dernier par le même institut ainsi que la CNEF et l’Ameublement français, le bilan de l’année 2024 démontre que le frein de l’immobilier retient l’activité du meuble, en pleine transformation pour mieux répondre aux nouveaux modes d’habiter. L’heure n’est plus à meubler, mais à agencer.

Le marché du meuble est repassé en 2024 sous la barre des 14 Mds€. Evalué à 13,8 Mds€, son chiffre d’affaires baisse de – 5,1 %, après une année 2023 à – 2 %. Pouvoir d’achat, arbitrage budgétaire, attentisme, chute de l’immobilier, les Français reportent leurs achats en attendant des jours meilleurs. « Les fortes chutes de l’immobilier neuf et ancien auraient dû impacter encore plus le marché car 1/3 des achats de meubles est lié aux déménagements. Dans ce contexte, la baisse d’activité reste limitée, même si toutes les catégories de produits ne sont pas logées à la même enseigne », nuance Guenhaël Seveno, président de l’IPEA.

> Segment de marché : la literie résiste, la cuisine est en pause et le mobilier de jardin attend le retour des beaux jours

La literie et le rembourré résistent

Avec un retrait de 2,1%, deux fois inférieur à celui du marché, la literie fait figure de grand vainqueur. « La grande distribution et les spécialistes ont animé ce marché à grands coups de promotion. Par ailleurs, le renforcement du maillage des spécialistes a permis de soutenir les ventes. » Le panier moyen se maintient grâce à l’attrait pour les grandes dimensions.

Le siège rembourré résiste aussi, avec un recul de 4%, inférieur au global. Canapés et fauteuils font mieux que la banquette. Cette dernière, dont une grande part de ses ventes sont réalisées en ligne, subit le recul des pure-players. Quant à lui, le canapé convertible séduit aussi de plus en plus, pour ses fonctions relaxation et rangement.

Le meublant se recompose

Représentant un tiers de l’activité (32,8 %), le meuble meublant se situe dans la mouvance générale (- 5,3 %). Très lié aux déménagements, il pâtit de la crise immobilière. « Ce marché se recompose, puisque les Français ne pensent plus m2 de surface de logement, mais m3 », ajoute Christophe Gazel, directeur général de l’IPEA. « Dans le salon, le meuble meublant est donc aujourd’hui concurrencé par les canapés avec coffre et dans la chambre, par les lits qui ont aussi de plus en plus un coffre. » En 2024, sont apparus des meubles meublant de plus en plus axés sur l’agencement, avec donc plus de création de valeur. « Cela demande une réorganisation du marché pour faire évoluer les produits en fonction d’un consommateur qui veut un peu moins meubler et un peu plus agencer. »

Cuisine et salle de bains en pause

Après avoir longtemps caracolé en tête, la cuisine est à la peine (- 6,2 %). « 22 % des achats post-Covid étaient des achats d’anticipation de 2023, 2024, 2025. Même si on propose aux consommateurs des prix canon, ils ont déjà acheté une cuisine, gardée en moyenne 19 ans. Il faudra patienter. » Par ailleurs, 47 % des cuisines achetées sont liées à déménagement. « Le retrait de la cuisine reste faible par rapport à la chute de l’immobilier. Cela veut donc dire qu’on est dans une phase de renouvellement. »

Enfin, la crise immobilière n’a pas plus épargné le meuble de salle de bains ( -7,2%). « Mais les personnes qui achètent de la salle de bain restent chez elles. On est sur un marché de renouvellement, avec une amélioration du panier moyen. »

Mobilier de jardin : manque de soleil

Lanterne rouge, le mobilier de jardin (- 8,4 %) n’a rien pu faire contre une météo défavorable. « Des acteurs ont déjà communiqué sur les opérations jardin, parce que les dépôts sont pleins. » Seul le soleil pourrait aider les acteurs de ce secteur.

> Réseaux de distribution : les spécialistes s’en sortent mieux, la GSB et les pure-player sont en peine

Promotions chez les spécialistes

Côté distribution, les spécialistes de l’ameublement réussissent un peu mieux que le marché (- 4,2 %), avec différents cas de figure. Ouvertures de magasins et opérations promotionnelles soutenues ont ainsi contribué au maintien de l’activité des spécialistes literie, qui progressent légèrement en valeur. « Les spécialistes salon se placent légèrement en dessous de la ligne de flottaison, avec des actions de communication également soutenues », souligne Guenhaël Seveno. Les autres spécialistes reculent.

Grande distribution : croissance du online

Le manque de déménagements impacte la grande distribution ameublement (- 4,4 %), également handicapée par les difficultés du meublant, qui représente près de la moitié de ses ventes en valeur. Reste que depuis le Covid, ce circuit a investi dans la mise en ligne de son offre, mettant à distance les pure-players.

Milieu-haut de gamme : ancrage local

L’ameublement milieu-haut de gamme réussit aussi mieux que la moyenne (-4,2 %), grâce souvent à son ancrage local, le marché rural et semi-rural étant en progression, « plus sur le siège rembourré que sur le meublant, mais avec toutefois une meilleure tenue que la grande distribution sur ce segment. » En ce qui concerne le canapé, ce circuit parvient à séduire un consommateur plus âgé, à la recherche de confort et de qualité.

Les GSB en chute

Pour les grandes surfaces au bricolage, rien ne va plus (- 8,7 %). « Si les nombreux chantiers menés par les Français après les confinements avaient permis au circuit de voir son trafic fortement progresser, profitant ainsi au rayon meuble, c’est maintenant le phénomène inverse qui se produit. De plus, les quatre segments du meuble sur lesquels le circuit opère, le meublant, la cuisine, la salle de bains et le jardin, sont les moins performants de 2024. »

Pure-players en peine

Les pure-players (-6,9 %) subissent l’essor des ventes en ligne de la grande distribution et l’ouverture des marketplaces. « Le consommateur va de plus en plus sur les sites qu’il connait pour voir si une promo traine et fait de moins en moins de recherches par mot-clé. Les connexions sur le mot ameublement sont en chute de près de 20 %. »

Le circuit « autres » (-3,2 %), qui comprend les discounteurs de la maison, pèse peu sur l’activité en valeur (4,2 %). « Leur fréquentation augmente, liée à la baisse du pouvoir d’achat et à leur positionnement multisectoriel. Parfois, le consommateur tombe sur de petits meubles meublant premier prix. »

Cap sur le second semestre

Pour 2025, l’espoir reste de mise. Après les fortes croissances post-Covid, le CA est toujours supérieur à 2019. « C’est tout à fait honorable pour la consommation de l’ameublement », estime Didier Baumgarten, président du CNEF, en soulignant le caractère cyclique de l’activité avec des oscillations d’une durée moyenne d’environ 5 ans. « Si la baisse des taux dintérêt et la stabilisation de linflation se confirment, nous pourrions voir une reprise progressive dès la deuxième moitié de 2025 », indique Guenhaël Steveno. Dans un climat anxiogène qui les incite à épargner, les ménages doivent toutefois retrouver de la confiance. « La filière multiplie les initiatives susceptibles de favoriser larbitrage du consommateur en faveur de l’ameublement », se félicite Jean-Charles Vogley, directeur général du CNEF.

Pour la relance, l’innovation vers la modularité et la fonctionnalité est de mise. « Le recours à l’intelligence artificielle est de plus en plus fréquent dans la filière : aide à la conception des produits, gain dans les prévisions de vente, améliorations et gains de productivité… », ajoute Arnaud Visse, président de l’Ameublement français. Par ailleurs, la filière porte plusieurs mesures devant les pouvoirs publics, dont la possibilité pour les Français de débloquer jusqu’à 10 000 € de leur PEL pendant deux ans pour l’achat de meubles neufs.

Par Agnès Richard

Service de la rédaction

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