L’instabilité ne joue pas en faveur de la rénovation des logements, a fortiori la rénovation énergétique. L’Observatoire Cetelem pointe toutefois des leviers pour décider les Français à entreprendre des travaux, même s’ils sont frileux face aux investissements.
Par Agnès Richard
En cette période de discussions budgétaires nationales, la rénovation énergétique est au coeur de l’actualité, avec son lot d’incertitudes concernant le dispositif MaPrimeRénov’ et autres aides visant à accompagner les Français dans leurs travaux. Dommage. Selon le 2e baromètre Toluna pour l’Observatoire Cetelem sur la rénovation énergétique de l’habitat, les aides publiques sont un déclencheur pour les deux tiers des propriétaires. Si elles baissent, 60% de ceux qui ont un projet indiquent qu’ils réduiront ou renonceront aux travaux envisagés. D’ailleurs, de façon générale, les raisons financières constituent le principal motif d’abandon des travaux pour les Français (68%). Dans le climat actuel, ils préfèrent conserver leur épargne et 55% ne trouvent pas normal de financer ces travaux via un crédit à la consommation. La situation est plus simple pour ceux qui ont acheté un logement à rénover et intégré le montant de la rénovation dans le prêt immobilier. « L’instabilité est un puissant facteur d’attentisme dans les travaux du logement. Les Français et les professionnels ont besoin de dispositifs lisibles et stables », remarque Flavien Neuvy, directeur de l’Observatoire Cetelem.
Envie de confort
Cependant, si 91% des Français se déclarent satisfaits de leur logement, la performance énergétique du lieu constitue l’un des points sur lequel ils témoignent le plus d’insatisfactions. Pour réduire leur consommation d’énergie, 59% essaient d’abord de modifier leurs habitudes. « L’investissement dans de nouveaux équipements (40%) et la réalisation de travaux (42%) sont plus en retrait, signe d’un arbitrage raisonné des efforts. »
L’envie de confort est pourtant bien là, motivant l’investissement pour 47%, devant la perspective de réaliser des économies (44%). La conscience écologique est de moins en moins un moteur (9%, soit une baisse de 9 points). « La rénovation énergétique est un ensemble de leviers, humains, économiques et politiques, qui, mis en cohérence, permettent de passer de l’intention à l’action », résume Flavien Neuvy.
De multiples leviers
Si 87% des Français sont convaincus que les travaux réalisés dans un logement ont un impact direct sur sa valeur immobilière, mais aussi sur le loyer – qu’ils le paient ou qu’ils le perçoivent –, 56% estiment ne pas être suffisamment informés sur le coût réel des travaux à prévoir. Ils ne savent pas bien non plus quels sont les investissements prioritaires à réaliser, susceptibles d’avoir le plus d’impact sur leur facture énergétique et leur confort. L’entourage joue alors un rôle décisif dans le passage à l’acte de rénovation. 73% des Français sont influencés par des discussions avec leurs proches (62% par des échanges avec des professionnels) et ils sont particulièrement à l’écoute de ceux qui ont déjà mené l’expérience. Tant mieux, 60% des ménages observent après travaux une baisse sur leur facture énergétique. Parmi ceux ci, 75% ont constaté une baisse conforme ou supérieure à leurs attentes.
Reste que 40% sont déçus, insatisfaction à mettre en lien avec des attentes parfois élevées en termes de retour sur investissement. 19% veulent ainsi rentrer dans leurs frais en moins d’un an, 58% en moins de 5 ans. Le retour sur investissement se situe en moyenne entre 5 et 7 ans, ce qui reste loin pour exprimer sa satisfaction immédiate. Par ailleurs, après les travaux, leur envie de confort les libère parfois de toute vigilance, les poussant à augmenter le thermostat. Dans ce cas, les Français améliorent certes leur confort, mais à budget constant.
