Nespresso la filiale du géant suisse Nestlé livre toujours bataille contre son concurrent ECC et ils s’accusent chacun de contrefaçon.
La bataille s’est encore aggravée avec la saisie récente, ce 10 mars, par huissiers, de machines à café dans le magasin phare de Nespresso, avenue des champs Elysées à Paris.
C’est la société suisse Ethical Coffee Company (ECC), elle-même assignée par la filiale de Nestlé pour contrefaçon, qui est à l’origine de l’initiative à l’encontre des sociétés Nespresso France SA, Magimix SA et certaines sociétés du Groupe SEB. Le PDG et fondateur d’ECC Jean-Paul Gaillard estime « qu’un élément des machines est protégé par nos propres brevets. Les saisies ont été menées dans cinq lieux différents où se trouvent ces machines ». Cet ancien directeur de Nespresso de 1989 à 1997 explique qu’ECC avait préventivement déposé des brevets, au moment du lancement de la société en 2009, au cas où « Nespresso modifierait ses machines pour empêcher l’utilisation des dosettes ECC ». Nespresso réfute toute contrefaçon. Le directeur général de Nespresso France, Arnaud Deschamps certifie qu' »on modifie en permanence nos machines, nos systèmes d’extraction, pour améliorer la qualité de nos produits », niant que ces modifications aient pour but de « bloquer tel ou tel un concurrent ». Mais « il se trouve que leurs capsules ne sont pas compatibles », a-t-il ajouté. Malgré les attaques de Nespresso pour violation de brevet ECC veut fabriquer dès cette année sa propre machine Nespresso qui sera compatible avec toutes les capsules du marché (Casino/ECC, Nespresso, L’Or Espresso et Ne-cap).
Ce nouveau rebondissement illustre l’escalade judiciaire entre Nespresso et ses concurrents qui s’arrachent un marché ultra-juteux: à elle seule, la société a réalisé l’année dernière plus de 3 milliards de francs suisses (2,3 milliards d’euros) de ventes, une croissance de plus de 20% en un an. Au-delà de la petite société helvétique, Nespresso est à la lutte contre des géants de la distribution et de l’agroalimentaire. Nestlé a ainsi assigné en France le groupe Casino, fourni par ECC, en 2010 ainsi que le géant américain Sara Lee avec ses dosettes « L’Or », présentes en grandes surfaces, pour contrefaçon. Face au succès des systèmes à dosettes, en dépit de la colère des écologistes, le groupe helvétique entend continuer sur sa lancée en passant de 215 boutiques fin 2010 à près de 250 fin 2011. Ses concurrents aussi. « Nous avons vendu 50 millions de dosettes en 2010 et nous visons entre 700 et 800 millions de capsules en 2011, dont environ 400 sur la France. Le reste devrait être vendu en Suisse et en Allemagne » où ECC se lance à l’automne, assure pour sa part Jean-Paul Gaillard.
Source : LEXPRESS.fr avec AFP, du 18/03/2011