Pour Mme Elisabeth Lamure, Présidente de la Délégation aux entreprises du Sénat, » le Gouvernement adapte et assouplit les dispositifs de soutien aux entreprises au fur et à mesure que leurs représentants et les parlementaires font remonter les difficultés de terrain, mais nous ne sommes qu’au début de la crise et à peine au milieu du gué. Vigilance et réactivité s’imposent pour limiter les dégts économiques et sociaux «.
Les échanges, hier soir (15/04), entre les sénateurs et Thomas Courbe, Directeur général des entreprises (DGE), au ministère de l’économie et des Finances, ont été néanmoins constructifs, le DGE assurant de l’ouverture du Gouvernement aux propositions d’amélioration. Les dispositifs d’aide aux entrepreneurs et aux salariés sont plus fluides et les critères d’accès s’élargissent (comme pour l’éligibilité des commerçants associés au fonds de solidarité : le critère de 60 000 euros sera décompté par associé et non plus par commerce).
Pas encore assez pour les sénateurs cependant : manque de simplicité et lenteur des procédures sont encore déplorés. Insuffisance des soutiens aux plus fragiles aussi, et leur renforcement annoncé pour les entreprises les moins bien notées par la Banque de France sera le bienvenu. Les dispositifs de soutien à l’activité, quand cette dernière est possible, seront renforcés. Des mesures spécifiques seront prises pour les activités qui ne pourront reprendre, comme le tourisme : le report de charges pourra être transformé en exonération lorsque cela est justifié.
Le port du masque sera-t-il prérequis pour ouvrir les commerces aux consommateurs et la responsabilité du chef d’entreprise sera-t-elle ainsi dégagée ? Pour le DGE, les importations s’ajoutant à la production nationale, les masques de protection seront en nombre suffisant. Il appartiendra aux autorités sanitaires d’indiquer si une activité économique peut reprendre. En tout état de cause, le port du masque, même le plus filtrant, ne pourra représenter qu’un complément aux mesures barrières.
Pour les sénateurs, il est urgent de préciser les contours et d’accompagner une organisation économique conciliant à la fois reprise d’activité et sécurité sanitaire. La période montre aussi la nécessité d’une part, d’encourager la responsabilité sociétale des entreprises avec la relocalisation des productions, l’économie circulaire et, d’autre part, de renforcer l’effectivité de la concurrence sur le marché des télécoms d’entreprises pour accélérer l’indispensable digitalisation des PME et TPE, assortie d’une meilleure cybersécurité.
Pour Elisabeth Lamure, » on peut s’inquiéter des difficultés de reprise d’activité des commerces non alimentaires. Le ministre de l’Intérieur vient de préciser aux forces de sécurité que la catégorie des achats de première nécessité englobait toutes les formes de livraison et d’approvisionnement, y compris des produits non alimentaires via les drives et corners. C’est une bonne nouvelle ! «.
LA COMMISSION DES AFFAIRES ECONOMIQUES INTERPELLE LE GOUVERNEMENT SUR LE VOLET ECONOMIQUE DU PLAN D’URGENCE
La Commission des affaires économiques du Sénat, qui s’est réunie presque tous les jours depuis le vote du plan d’urgence, a estimé bienvenues les différentes évolutions apportées par le Gouvernement aux mesures de soutien économique.
Elles sont notamment le fruit des nombreuses alertes et remontées d’informations recueillies au fil de plus de 50 auditions d’acteurs économiques, l’audition de trois ministres et deux secrétaires d’état en trois semaines. Pour autant, elle relève encore plusieurs failles dans les mesures d’application. Pour la présidente de la commission, Mme Sophie Primas, » il faut d’urgence clarifier et affiner certains dispositifs, en amplifier les efforts sectoriels, si on veut limiter l’ampleur de la récession «.
à la suite de la mise en oeuvre du confinement, la commission des affaires économiques a mis en place un ensemble de sept
cellules de veille, de contrôle et d’anticipation sectorielles. Leur objectif est triple : établir un lien direct avec les acteurs de terrain afin de proposer des améliorations aux mesures de soutien déployées dans les territoires, aider à préparer une reprise rapide de l’activité et déterminer les contours d’un modèle économique d’après crise, dynamique et souverain. Pour la présidente de la commission, Mme Sophie Primas, » l’ensemble des remontées d’informations témoigne de l’impérieuse nécessité de la continuité démocratique et institutionnelle en temps de crise «.
Toutes ces informations, alertes et points de vigilance ont fait l’objet de nombreux échanges permanents avec les ministères compétents, avant et après les auditions des ministres, et plus formellement lorsque ces auditions n’ont pas permis de lever les incertitudes ou d’apporter de réponse concrète.
La vigilance exercée par la commission des affaires économiques a contribué à l’évolution de plusieurs dispositifs de soutien.
Elle a notamment préconisé dès le début de la crise que la période de référence pour le calcul de la baisse d’activité pour le Fonds de solidarité ne soit plus le mois de mars 2019 mais une moyenne mensuelle du chiffre d’affaires sur les douze derniers mois ; elle avait également demandé à diminuer le seuil de 70 % de baisse du chiffre d’affaires et à y rendre éligibles les entreprises en sauvegarde. Toutes ces suggestions devraient être appliquées très prochainement.
Toutefois, des lacunes et incertitudes anxiogènes et préjudiciables à la pérennité de nos entreprises persistent.
Premièrement, la commission rappelle au Gouvernement qu’il est impératif de clarifier précisément, par secteur et le plus tôt possible, les consignes sanitaires à respecter par les employeurs lors de la reprise d’activité afin que la responsabilité pénale de ces derniers ne soit pas susceptible d’être engagée. à ce titre, il convient de rappeler que le manque d’équipements sanitaires représente un frein insurmontable, dès aujourd’hui, à la poursuite de certaines activités.
Deuxièmement, les spécificités sectorielles (activité saisonnière, professions libérales, btiment, etc.) devraient être mieux prises en compte et les aides affinées afin de s’y adapter et de gagner en efficacité. Quinze propositions concrètes pour
le secteur agricole ont ainsi été transmises au ministre.
Troisièmement, les exigences des établissements bancaires pour accorder des prêts, pourtant garantis à 90 % par l’état, demeurent hétérogènes et parfois excessives (demande de visite médicale à l’emprunteur, de caution personnelle, de documents impossibles à élaborer, etc.). Un contrôle vigilant et réactif de l’Etat doit être mis en place ; autrement, la portée de cette mesure en serait amoindrie. La mise en place d’un Médiateur National du Crédit comme lors de la crise de 2008 apparaît
comme étant essentielle.
Quatrièmement, la commission juge primordial un sursaut européen. La Commission européenne dispose en effet d’outils non encore actionnés (par exemple, afin de soutenir les filières agricoles face au risque de surproduction) et certains correctifs devraient être apportés aux politiques européennes comme la PAC afin de mieux prendre en compte les ravages de cette crise sur la résilience de notre secteur agricole. Or ces décisions tardent à être prises retardant, de fait, leur efficacité.
Ainsi que le note la présidente Primas, » nous devons poursuivre deux objectifs : sauver le tissu économique de nos territoires dès aujourd’hui, et préparer le monde d’après. Cette crise révèle que des transformations de notre façon de produire ou de consommer sont nécessaires. Pour ne citer qu’un exemple, le confinement met en lumière combien il est important et urgent pour nos PME de se numériser et de se moderniser afin de diversifier les canaux de vente. Il s’agit d’un constat maintes fois mis en avant, mais qui n’a jamais paru aussi vital qu’aujourd’hui «.