Dominique Munier, Directeur Général Troc Europe s’explique dans cette Tribune libre, en réaction au lancement de la taxe éco-mobilier depuis le 1er mai 2013.
Oui au recyclage des meubles et Non à la surconsommation !
Le marché du meuble est avant tout un marché à part. Souvent épargné par la crise, il est considéré comme une valeur refuge, un repli sécuritaire. En réalité, ce qui décrirait le mieux le marché de l’ameublement est surtout la surconsommation.
Orchestrée par les grandes chaines d’ameublement à bas coûts, nous consommons de plus en plus et changeons de mobilier au fil des saisons, des déménagements, des petits moments de la vie. Nous sommes bercés par ce changement facile. Là où nous achetions, il y a encore peu, un salon ou une cuisine pour une vie, nous sommes passés au tout jetable. Malgré une légère baisse en 2012, le marché du meuble est tout de
même estimé à 9,54 milliards d’euros en France (1).
Est-ce parce que les habitudes évoluent que le marché s’adapte. Où serait-ce l’inverse ?
Depuis le 1er mai, une nouvelle éco-taxe vient de faire son arrivée.
Son objectif ? Penser et organiser l’après consommation : la collecte et le recyclage des meubles au même titre que ce qu’a connu l’électroménager il y a quelques années. Toute une filière s’est donc mise en place pour organiser ce recyclage passant par la destruction de l’objet. Le
recyclage a été interprété uniquement d’un point de vue non polluant. Pourtant des filières déjà existantes auraient pu s’intégrer à ce processus, apportant la touche sociale et sociétale à cette éco-taxe.
Le meilleur recyclage n’est-il pas, avant tout, le réemploi ?
Dans un contexte de crise tel que nous le connaissons, le réemploi passe par le don, la revente, la restauration ou le rachat d’objets anciens. Luttant contre l’obsolescence programmée, si à la mode de nos jours, cette filière est constituée de professionnels du monde associatif et de
l’entreprise. Elle s’attache à redonner vie à des meubles car cela permet aussi de donner une autre dimension aux objets et à ceux qui les achètent, les bricolent, les customisent. Pour ce faire, l’ensemble de la filière doit être prise en compte.
Il est vrai qu’un meuble en kit et en mélaminé ne peut être monté et démonté à l’infini.
Serait-ce le symbole de ce que nous appelons pudiquement « une manière de pousser à la consommation » ?
Associer une offre de recyclage par le réemploi au processus mis en place aurait été possible : des acteurs du monde associatif et de l’entreprise existent. Il s’agit d’un autre marché, d’une autre alternative, qui n’a pas pour vocation de détruire son principal fournisseur : le marché du neuf.(1) FNAEM