Au nom de l’IPEA – Institut de la Maison, Christophe Gazel a présenté sur EspritMeuble 2024 un nouvel état des lieux de l’évolution et des perspectives du marché de l’ameublement en France. Univers Habitat était sur place et vous propose une synthèse précise de cette intervention.
Le salon EspritMeuble, qui s’est tenu du 16 au 20 novembre à Paris Expo – Porte de Versailles, intégrait un Studio TV sur lequel se sont succédées de nombreuses conférences et tables-rondes. Le samedi à 11 h, c’est Christophe Gazel, directeur général de l’IPEA – Institut de la Maison, qui était l’invité de ce plateau. Pendant une vingtaine de minutes, il a répondu aux questions diverses de Jérôme Libeskind, animateur de So What Communication, sur le marché de l’ameublement, ses perspectives, les tendances et les nouveaux phénomènes de consommation.
« Le pouvoir d’achat est une tension pour le consommateur. Ajouté à la dégringolade de l’immobilier, il y a bien une tension forte sur le marché », a d’emblée annoncé l’expert. Mais, alors que les transactions immobilières baissent de 20 %, le marché de l’ameublement affiche environ – 6 %. « C’est pas mal, vu le contexte. Le secteur résiste globalement face à l’effondrement du marché de l’immobilier. »
Impacts du télétravail et recherche de fonctionnalité
Parmi les facteurs participant à cette résilience, l’IPEA cite le télétravail « qui a eu un impact positif sur l’ameublement, et peut encore en avoir ». Pendant la crise du Covid-19, certains Français se sont rendu compte que leur foyer était agréable, mais pas très pratique ni adapté de longues présences. « Aujourd’hui, beaucoup de consommateurs veulent des agencements fonctionnels, et n’hésitent pas à repenser leur intérieur en ce sens. » Christophe Gazel a cité pour exemples des espaces de travail pouvant se refermer, et des chaises adaptées aux postures de bureau. « Les consommateurs risquent de réfléchir davantage à ces sujets avant tout achat. Cela engendre une certaine montée en gamme du marché, qui doit être fortement considérée par les professionnels. »
Et la résilience perdure car, pour Christophe Gazel, « c’est finalement tout le regard sur la maison a évolué, et tous les process d’achat des meubles, pour toutes les pièces, qui sont bousculés ». Selon l’IPEA, « le consommateur ne pense plus sa maison en mètres carrés mais en mètres cubes ». C’est-à-dire qu’il cherche à rentabiliser son espace avec des solutions d’aménagement globales et efficaces. Et les configurateurs 3D font partie de cette révolution. « Depuis son canapé, en famille, tout est maintenant possible ! » Des évolutions du parcours d’achat qui représentent un lourd travail d’adaptation pour les marques et enseignes.
Développement de la seconde main et adaptations
Christophe Gazel a aussi évoqué la forte dynamique de la seconde main, « qui représente un certain danger pour l’ameublement neuf ». En France, 25 % des achats de meubles sont d’occasion, la moitié étant des produits issus de la grande distribution. « La France est championne des meubles d’occasion ! De grandes enseignes et marques développent des solutions ou travaillent avec des start-up en ce sens. » Et pour la Génération Z, c’est « seconde main » avant tout !
Pour Christophe Gazel, le problème du meuble sur le marché de l’occasion, c’est le coût du transport. « Tout le monde veut quand même y aller, car c’est ce que souhaite le consommateur ! » Si la reprise de meuble était assez naturelle sur le milieu de gamme, il est aujourd’hui question de faciliter le parcours pour les clients, et de les informer davantage sur le sujet. « L’enseigne a tout intérêt à faire savoir qu’elle s’implique en permettant aux meubles d’avoir plusieurs vies », conseille Christophe Gazel.
De nouveaux efforts nécessaires face à un avenir incertain
Quid du développement durable ? « Il y a une grande différence entre les discours et aspirations d’un côté, et la carte bancaire de l’autre. Les critères RSE ne sont pas les plus importants pour l’instant, notamment face aux prix. Les consommateurs n’acceptent de dépenser que 5 à 10 % de plus pour des raisons écologiques », a répondu l’expert, avant de soulever un dilemme : « La Gén Z se dit responsable mais c’est la première à utiliser Vinted, qui lui permet de consommer davantage avec le même budget, avec un impact écologique lié au transport… »
Concernant 2025, Christophe Gazel ne s’est pas montré très optimiste : « L’immobilier reste bloqué et ne va pas offrir au secteur l’appel d’air qui pourrait redynamiser 1/3 du marché. » Mais l’expert a toutefois précisé que le Covid avait encore un impact sur le renouvellement des meubles et le réagencement de l’intérieur, et a rassuré les acteurs d’EspritMeuble : « Les consommateurs resteront bien orientés par rapport aux offres milieu de gamme. Mais il n’y a pas forcément de demande. Il va falloir, encore plus qu’hier, raconter des histoires, mettre en avant des messages, montrer de nouveaux visages, évoquer la qualité… Le produit et le prix, bien qu’essentiels, ne suffisent plus. » Le bon point, c’est que « la plupart des marques et enseignes l’ont déjà compris », comme l’ont prouvé, selon lui, les stands joliment scénarisés dans les allées d’EspritMeuble 2024. ∎
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