Réélu l’an dernier pour 6 ans, Christophe Gavaudan, président de l’UCEM, fait le point sur la performance de la coopérative. Entre transformation digitale et ambitions de développement, le dirigeant et ses équipes anticipent ce que sera le magasin de demain.
- Dans un marché de plus en plus concentré, quels sont les atouts de votre modèle coopératif ?
Christophe Gavaudan : Dans un marché marqué par une forte concentration, notre modèle coopératif constitue un véritable atout différenciant. S’il est déjà présent dans la grande distribution alimentaire, le bricolage ou le sport, nous sommes la seule coopérative dans le secteur du meuble. Le principe fondateur « un homme – une voix » instaure un système vertueux et sécurisant. Notre écosystème repose sur un partage de valeur entièrement tourné vers nos adhérents : chaque décision, qu’il s’agisse des collections ou de la communication, est coconstruite avec eux. La bienveillance fait partie intégrante de notre ADN. Dans le contexte économique actuel, ce modèle est porteur de sens, rassurant et attire de plus en plus l’attention des acteurs du monde de la franchise.
- En cette fin d’année 2025, quel bilan dressez-vous et quels sont vos objectifs de développement pour 2026 ?
C.G. : L’année 2025 s’annonce globalement positive, avec des résultats solides dans un contexte de marché pourtant en recul. Nous atteignons l’équilibre, ce qui illustre à la fois la résilience de notre modèle et la pertinence de nos choix stratégiques. Après un 1er semestre plus contrasté, l’été a marqué un véritable rebond, avec trois mois consécutifs, juillet, août et septembre, en progression. Sur le plan du développement, nos équipes sont désormais pleinement structurées et renforcées, notamment avec l’arrivée de Pierrick Choquet au poste de directeur commercial. Fort d’une expérience confirmée dans l’industrie du meuble, notamment chez Greencorp, il pilote aujourd’hui l’animation du réseau, aux côtés de Marion Wagnon, le développement, avec Maxime Gellot, et le merchandising des magasins, en collaboration avec Karène Sagot. Côté expansion, la dynamique reste très positive : neuf ouvertures ont été programmées pour Monsieur Meuble en 2025, dont sept déjà réalisées et deux prévues d’ici la fin de l’année, à Thionville (57) et Périgueux (24). Cette croissance s’appuie sur une collection arrivée à maturité, développée sous l’impulsion de Simon Denecker, témoignant de la vitalité et de l’attractivité de notre offre.
- Pouvez-vous rappeler les priorités de votre transformation digitale ?
C.G. : Le digital est avant tout un moyen au service de la performance, et non une fin en soi. Depuis trois ans, avec Marion Wagnon et Anne-Sophie Souza, nous menons un travail de fond pour adapter notre modèle aux évolutions du marché et aux nouvelles attentes des consommateurs. Ma conviction est simple : le vendeur en magasin doit être pleinement performant et le digital doit être un levier pour y parvenir. Notre objectif est de pouvoir recruter plus facilement en donnant à chaque collaborateur les outils nécessaires pour être opérationnel immédiatement. Désormais, chaque vendeur dispose, dès son arrivée, d’une tablette lui donnant accès à l’intégralité de la collection. Les équipes achats, pilotées par Simon Denecker, ont digitalisé de manière exhaustive l’ensemble de notre offre, du canapé aux objets de décoration. Chaque produit est référencé par modèle, gamme, tissu, cuir ou revêtement, offrant une vision à la fois complète et intuitive. Cette transformation digitale génère un double bénéfice : elle facilite le recrutement et la formation des équipes, tout en répondant aux contraintes liées à la réduction des surfaces commerciales. Alors que la taille moyenne de nos magasins s’élevait historiquement à 1 200 m², la pression foncière nous conduit désormais à ouvrir des points de vente autour de 800 m², voire moins. Grâce à la tablette, le client peut se projeter aisément dans l’ensemble de la collection, même sans exposition physique complète. Une évolution à la fois moderne, flexible et efficace.
- Quels sont vos projets à l’horizon 2030 ?
C.G. : Sur le plan opérationnel, notre enjeu est de faire évoluer nos équipes de vendeurs de meubles vers de véritables concepteurs d’espaces. L’objectif est de passer d’une approche centrée sur le produit (vendre un canapé) à une approche globale, orientée vers la solution d’aménagement complète d’une pièce. Dès l’année prochaine, nous déploierons un planneur d’aménagement permettant de modéliser toutes les pièces du foyer, en lien étroit avec des décorateurs. Parallèlement, avec Marion Wagnon, nous développons onze modules de formation destinés à accompagner cette transformation. Concernant l’intelligence artificielle, nous menons une réflexion approfondie sur son intégration au sein de nos magasins avec Delphine Azot, directrice de la communication. Le paradigme s’inverse : le magasin doit désormais s’adapter au client. Grâce à l’IA, ce dernier disposera potentiellement de plus d’informations que le vendeur. À nous donc de mettre à disposition des outils performants pour l’accompagner et enrichir son expérience ! À partir de 2026, nous ouvrirons un nouveau cycle triennal dédié à l’intégration de l’intelligence artificielle et de ses outils associés, une étape clé pour continuer à moderniser notre réseau et renforcer la valeur ajoutée du conseil en magasin.
