Le marché du gros électroménager (GEM) est en difficulté cette année, avec une perte de vitesse de 3,9%. Une baisse en majorité expliquée par des phénomènes extérieurs au marché, et qui n’est pas ressentie dans nos pays voisins.
En 2024, la France est la dernière de ses voisins sur le GEM. Là où le Royaume-Uni, l’Italie et l’Espagne se portent bien (respectivement +3,7%, +2% et +0,9%) et l’Allemagne est en légère baisse (-0,8%), chez nous, la baisse est plus prononcée, à 3,9%. Cette décroissance, uniquement en valeur, est en partie due à une baisse du prix moyen de vente. « Il y a un engouement pour les marques distributeur, bien plus fort en France que dans le reste de l’Europe », explique Chrystelle Comparato, directrice de l’expertise Tech & Durable chez NielsenIQ-GfK. Le volume de vente, quant à lui, est resté stable.
Un contexte météo compliqué en 2024
Comme pour le petit électroménager, la météo de 2024 a eu un impact direct sur les ventes de GEM. Le déficit d’ensoleillement, qui a atteint un niveau qui n’avait pas été vu depuis plus de 20 ans, a eu un fort impact sur l’univers du froid, qui enregistre la plus grosse baisse du GEM avec -7,7%. « Les ventes de réfrigérateurs, qui ont une forte saisonnalité, sont liés aux épisodes de chaleur. Cet été, nous en avons eu beaucoup moins que d’habitude, d’où cette baisse significative », explique Laurent Cours, directeur des statistiques du Gifam. Plus spécifiquement, les ventes de réfrigérateurs baissent de -7%, de congélateurs de -9,3% et de caves à vin de -16,3%.
Mais si la météo a eu un impact négatif dans le froid, c’est tout l’inverse pour les sèche-linges. Leurs ventes ont augmenté de 13%, une poussée d’un niveau rare dans le GEM. « En plus d’avoir manqué de soleil, nous avons eu une année 2024 très humide. Cela crée une situation difficile pour sécher manuellement son linge, et donc propice à l’achat de sèche-linges. Avec en plus les nouvelles innovations pour consommer moins comme les pompes à chaleur », soutient Laurent Cours. Grâce à cette belle progression, le marché du lavage est à +1,3%, avec un maintien des ventes de lave-linges de +0,3% (à elles seules 21% du CA du GEM) et une légère baisse des lave-vaisselles de -1,4%.
Les appareils intelligents et connectés, un axe de progression
La baisse des transactions immobilières depuis 2022 est également l’un des facteurs de fluctuation du gros électroménager. Les ventes de biens ont baissé de -11% sur l’année, -29% depuis 2022. « Dans 80% des cas, lorsque l’on fait des travaux de rénovation de cuisine, on achète en moyenne deux gros électroménagers. Réduire le nombre d’achats immobiliers ampute mécaniquement le GEM de tous ces travaux qui auraient été faits », analyse Laurent Cours. Logiquement, l’intégrable est en difficulté, avec -6,4%, contre -2,2% pour la pose libre. La cuisson encaisse -6,3%, chacun de ses éléments (fours, plaques, micro-ondes…) allant de -4% à -7%, excepté les hottes, qui souffrent particulièrement à -13%.
Le poids des ventes en ligne de GEM (hors marketplace) progresse de 1% sur 2024. C’est la première année que ce chiffre est en progression depuis 2019. Le poids des grandes surfaces spécialisées (GSS) augmente de 2%, avec un maintien difficile en valeur (-0,4%). Les cuisinistes et les indépendants souffrent également de la baisse des ventes immobilières, accusant d’une baisse respective de -9,5% et –12,4% en valeur. En compensation des GSS, leur poids baisse de 1% chacun sur 2024, atteignant 16% et 11%.
Malgré tout, il reste des secteurs en croissance, comme les appareils intelligents, avec +16% de croissance, soit 118 millions d’euros générés en 1 an. Ils représentent 25% du CA du lavage, 16% du froid et 6% de la cuisson. 4 consommateurs sur 10 trouvent la connectivité utile, notamment pour favoriser la réparation. « Cela crée de nouveaux usages, qui séduisent les consommateurs petit à petit », explique Laurent Cours. « Dans l’ensemble des catégories de l’équipement de la maison, l’innovation reste le cœur des marchés », ajoute Chrystelle Comparato.
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