Inoha, l’Association professionnelle des Industriels du Nouvel Habitat, a réuni ses adhérents, partenaires et distributeurs et la presse le 15 janvier 2025. Ce fut l’occasion pour le président Jean-Luc Guéry de dresser un bilan et d’évoquer les perspectives de l’année, en insistant sur l’importance du collectif.
Depuis 1978, Inoha fédère les fabricants de produits manufacturés destinés à l’entretien, au bricolage, à l’aménagement extérieur, au jardinage, à l’amélioration de l’habitat et à la construction résidentielle neuve, pour les aider à accélérer leur développement. C’est dans un contexte de marché complexe que son président, Jean-Luc Guéry, a adressé ses vœux à ses adhérents, partenaires et distributeurs : « Le secteur de l’amélioration de l’habitat a perdu 7,1 % de CA en 2024, tous circuits confondus, et jusqu’à – 11 % sur le négoce », a-t-il rappelé.
Fin 2024, Inoha comptait 260 adhérents, représentant 400 sites industriels et 50 000 salariés. Selon une étude Codinf, 50 % de ces entreprises réalisent moins de 50 M€ de CA et 27 % entre 50 et 100 M€. Le président a précisé que les 23 % faisant plus de 100 M€ de CA représentaient 71 % des salariés. Le CA médiant des adhérents est de 45 M€, contre 35 M€ il y a quelques années. « Il y a clairement eu un effet inflationniste ! » L’effectif médiant est quant à lui de 72 salariés, contre 87 en 2022, « ce qui confirme que les entreprises ont dû faire des efforts sur leurs marges ».
Pour Jean-Luc Guéry, « le secteur du bricolage a plus que jamais besoin d’une vision claire, de perspectives stables », ce qui n’a pas été le cas ces dernières années entre les Gilets Jaunes, le Covid, le conflit russo-ukrainien et la situation politique nationale. Il a ajouté que les Français privilégiaient les innovations pragmatiques : « Il y a eu une folie autour des objets connectés. Ce sont aujourd’hui les applications utiles et pratiques qui séduisent, au détriment de produits trop farfelus. »
L’engagement au cœur des priorités
Parmi les autres attentes des consommateurs se trouvent la transparence et l’engagement. « Nous y répondons par nos démarches RSE, tant environnementales que sociales. » Inoha renforce l’accompagnement des adhérents sur ces sujets, en mobilisant les distributeurs. « Ce qui nous anime, c’est la notion de filière, le collectif ! » L’association propose des programmes sur-mesure et un Club RSE qui permet de partager les bonnes pratiques autour de 3 thématiques : carbone, éco-conception et emballages.
Plus généralement, Inoha poursuit le dialogue avec les pouvoirs publics et les distributeurs sur des sujets majeurs, dont l’harmonisation des démarches et affichages environnementaux : « Nous prêchons pour l’instauration d’un BricoScore, repère simple et unique pour la profession. Nous aimerions que la filière s’entende sur ce point, que distributeurs et industriels proposent un projet cotravaillé avant que l’État n’impose une solution complexe. »
L’association défend aussi la révision à la baisse des objectifs gouvernementaux REP ABJ (bricolage, jouets et jardin) et PMCB (construction du bâtiment), lancées mi-2023. « Il y a eu une inflation démesurée de l’éco-participation, avec du x5 ou x8 sur certaines familles. Nous essayons de faire bouger l’État à ce sujet », a annoncé Jean-Luc Guéry. La visibilité de l’éco-participation, « au moins entre industriels et distributeurs », a aussi été évoquée, ainsi que le lancement de la REP Emballage Industriel.
La nécessité de retrouver de la marge
Au cœur des volontés d’Inoha se trouve aussi le fait de « réconcilier la responsabilité environnementale et l’acceptabilité des règles ». Les processus de simplification initiés par l’État ou l’Europe peuvent être chronophages et coûteux, et s’ajoutent à d’autres contraintes législatives. « Nous passons notre temps à nous adapter aux obligations d’une administration qui ne nous fait pas confiance », a lancé le président, évoquant un contexte de « complexité normative et réglementaire ». Inoha poussera notamment les demandes de simplification des normes CSRD et RDUE sur le bois.
Mais la priorité, pour le président, « c’est que les entreprises retrouvent du volume et de la marge, face à une dégradation préoccupante de leur situation économique ». L’étude Codinf indique que la valeur ajoutée des adhérents Inoha a baissé de 2,5 % entre 2021 et 2023, que leur solvabilité se dégrade et que leur endettement est 20 points au-dessus de la moyenne de tous les secteurs industriels. Le taux d’investissement de la filière s’est quant à lui effondré, de façon continue, entre 2019 et 2023, avec encore – 2,1 % en 2023. « Cela signifie qu’on ne prépare pas l’avenir. C’est un point de vigilance important ! La capacité des entreprises à investir et innover est essentielle pour le développement de la filière », a alerté Jean-Luc Guéry.
L’association continuera de faire évoluer Inodata, son outil de suivi des tendances du marché, qui a reçu le « Trophée Relation Adhérents 2024 » du CEDAP. « C’est aujourd’hui un outil ergonomique qui permet d’avoir des données précieuses sur les marchés GSB, Négoce, GSA et Jardinerie-LISA, et sur les recherches des consommateurs. » 621 salariés des adhérents Inoha utilisent déjà cette plateforme. L’association songe aussi à utiliser l’IA pour aider ses adhérents dans certaines démarches.
Plusieurs grands rendez-vous dans l’année
Concernant les événements, Inoha co-éditera à nouveau le Forum Bâtir pour le Climat, dont la 5e édition se déroulera le 2 décembre à la Cité des Sciences et de l’Industrie à Paris. « C’est une manifestation stratégique pour nous, qui nous permet de nous ouvrir davantage à l’univers de la construction. Ce forum des solutions de l’Habitat de demain a aussi pour objectif d’inspirer les politiques publiques. » Les adhérents d’Inoha pourront y présenter leurs solutions en matière de rénovation et de construction durable. L’événement accueillera les 10e Trophées Inoha, avec une cérémonie « plus grande, moderne, innovante et sympathique ».
En parallèle, après 13 Matinées de la Distribution en 2024, Inoha en prévoit 15 cette année ; avec la même volonté de « favoriser un dialogue ouvert et stimuler la collaboration entre fournisseurs et distributeurs ». L’événement InohaDays se déroulera quant à lui le jeudi 22 mai au Jardin d’Acclimatation de Paris avec l’AG le matin, des tables rondes sur « les nouvelles relations commerciales » et une soirée conviviale.
Vers une relance de la confiance et du secteur ?
Au cœur de ses vœux, Jean-Luc Guéry a aussi rappelé qu’Inoha et ses adhérents sont au service des Français qui font de leur habitat une valeur refuge, source de leur bien-être. « Ils sont 88 % à déclarer que la maison est l’endroit où ils préfèrent être, où ils se sentent bien et rassurés. Nous avons un rôle à jouer en ce sens ! »
Un point d’optimisme qui n’efface pas les incertitudes liées à l’avenir : « Le crédit se refluidifie et les taux d’intérêt baissent, mais il manque encore la confiance », a analysé le président. Ces derniers temps, l’épargne a progressé et les arbitrages ont été défavorables à l’industrie du bricolage. Le CA de remplacement se porte bien mais le CA projet est en berne, et les distributeurs affichent – 7 % de CA. « Le facteur confiance va nous permettre de tout redéclancher ! » a clamé Jean-Luc Guéry, avant d’ajouter : « 2025 sera difficile. Mais notre filière a su faire preuve de résilience depuis 4 ans. Restons optimistes ! »
Le président a aussi insisté sur les notions de partage et de collaboration, valeurs-clés de l’association : « Cette année plus que les autres, nous devons être ensemble, engagés au sein d’Inoha et solidaires en filière. Continuons ensemble de tracer les contours d’un habitat plus performant, plus durable et plus humain pour une industrie responsable et engagée ! » ∎
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